– Vous, la confidente de votre fille ?
– Ce n’est point ta mère qui veut être ta confidente, c’est ton amie …
– Mais mon « amie » redira tout à ma mère, l’une est inséparable de l’autre…
Troublant Marivaux !… Puissance d’observation, précision chirurgicale dans l’analyse des paradoxes qui troublent les relations humaines, moments dramatiques sertis de scènes irrésistiblement cocasses…
Il y a une sorte de mystère autour de La mère confidente. On la joue peu aujourd’hui. Marivaux estimait pourtant que c’était une de ses plus belles comédies. Les critiques sont partagés sur le sens profond de l’ouvrage. On peut certes gloser à l’infini sur la méthode employée par Madame Argante pour déchiffrer le cœur de sa fille, il restera toujours cette magistrale étude d’une mère qui manipule sa fille avec un raffinement presque pervers afin de la garder sous sa coupe.
Les textes classiques sont comme ces miroirs oxydés qu’on retrouve parfois au fond d’une cave : les endroits où le tain n’a pas disparu réfléchissent notre image, partielle mais aussi précise qu’un miroir moderne. Les classiques de bonne qualité savent résister à l’épreuve du temps quand ils sont – le jeu de mot est tentant – « grand tain »…
La grande modernité de la pièce de Marivaux, c’est d’avoir montré la force de la pression morale et affective sur le comportement. On pense à certains films de Bergman ou de W. Allen…